Date: 01/05/2015
"Faites sonner la charge, tuez-les sans pitié"... ces paroles, tirées du refrain de "La garde" que chante le groupe Ganafoul sur son seul album dans la langue de Molière sorti en 1981, me trotte dans la tête avant d'attaquer cette nouvelle chronique. Le nom du groupe y étant pour beaucoup : CHARGE.
Cette Charge-ci est parisienne. Il ne s'agit nullement de football mais bel et bien de "Rock brut, spontané, instinctif et sans concession", qui puise son inspiration dans l'univers rock de ces trente dernières années, au gré des influences des quatre comparses composant le groupe. Influences éclectiques allant des Who à Muse, avec un fort emprunt au Metal avec Maiden, Metallica ou autres Accept pour n'en citer que quelques uns.
CHARGE voit le jour en 2004, composé de Ravin au chant et à la basse, de Sacha aux guitares, de Loïc à la batterie, et pour donner un son plus massif à leur fureur musicale, les parisiens s'adjoignent les services d'un deuxième bassiste en la personne de Lionnel. Ils se constituent un solide répertoire au fil des années et des concerts.2007. Se sentant prêts, ils font appel à Francis Caste (Aqme, Bukowski... ) et enregistrent au studio Sainte Marthe un premier EP "Ain't my world". Ils remettent le couvert deux ans plus tard avec la même équipe et le même menu pour un nouvel EP "8 miles away".
Il faudra pourtant attendre 2014 pour qu'un premier album soit enregistré, toujours produit par Francis Caste, constitué de plusieurs titres issus des EP et de nouveaux dont la production a été confiée à Spirou, producteur de Béruriers Noirs et Molodoï, toujours au studio de Sainte Marthe. Bien qu'un grand concert ait eu lieu à la Flèche d'or (à Paris) pour fêter la sortie de cet opus appelé "Sweet lies", la sortie officielle chez Rebel Music, subdivision de Brennus Music est prévue pour Mars 2015.
Présenté sous forme d'un simple digipack, sobre et sans livret. Sobre à l'image de l'artwork, sur lequel figure juste le titre de l'album et le nom du groupe, où dansent des flammes dans un registre orangé virant au marron. Le dos présente les huit titres figurant sur cet opus, répétés à l'infini pour en remplir sa surface. L'intérieur, face au CD lui-même nous dévoile une photo noir et blanc des quatre protagonistes de ce méfait.Les parisiens nous proposent une Charge rapide, incisive et efficace.
Moins d'une demi-heure (le CD dépasse les vingt sept minutes) d'un Rock énervé, brut et sans concession ! Exit donc les précédents EP du groupe, puisque ce nouvel enregistrement contient déjà des titres y figurant, agrémentés de quelques nouveautés.
"Alone" ouvre les hostilités. La Charge est puissante et déboule tel un uppercut de Tyson direct dans nos écoutilles. La basse est omniprésente. Il faut dire qu'elles sont deux, l'une jouant son rôle de rythmique, l'autre plus groovante, faisant de belles incursions dans le morceau qui se veut travaillé et ponctué de multiples breaks. La guitare de Sacha fait le boulot, alternant riffs incisifs et solo bien senti. Le son est plutôt efficace, laissant sa place à chacun. Seul bémol, mais ce n'est que mon avis et mon seul ressenti (NDLR ce que je n'aime pas, d'autres adorerons !!) : la voix de Ravin donne un côté Punk à l'ensemble, qui me gène sur ce premier morceau. La chanson avoisine les quatre minutes. Il faut dire que les parisiens jouent l'efficacité, balançant des compos faites pour la scène.
"Fantasy" calme le tempo, mené par une guitare lacérante. Le tempo s'accélère crescendo. Ravin s'en donne à cœur joie, avec par moments l'impression qu'il va s'éclater les cordes vocales ! La rythmique est toujours irréprochable. Loïc est un bûcheron inépuisable qui martèle ses fûts avec la vigueur de ces gros baraqués dans les forêts canadiennes frappant méthodiquement les troncs de leurs haches affûtées.
"84" est plus mordant, les riffs plus incisifs. L'apport des deux voix, Sacha renvoyant la balle à Ravin est un réel plus, donnant par moments un côté Green Day, lorsque les voix se font plus claires. Musicalement, "84" se conclut par un passage lourd, limite Thrash.
La basse est d'une efficacité redoutable sur "That's it", qui reste dans un domaine très Punkisant. Ces deux titres doivent mettre le feu parmi les spectateurs en live ! Un petit passage musical plus calme, avec l'apport parcimonieux de "wah wah" et un final furieux toutes voix dehors conclut "That's it".
"Just want more" poursuit avec cette basse omniprésente sur un tempo et une guitare entraînante. La voix alterne passages à la Punk chantés façon Green Day, à des passages limite hurlés. La rythmique fait un travail remarquable, à l'instar de cette basse vraiment superbe. Un refrain efficace qui devrait faire chanter les chœurs en live. Un petit passage plus calme permet à Sacha de nous délivrer un petit solo bien senti, avant que les voix et la rythmique ne reviennent à la Charge ! Tout cela fait que ce morceau est celui que je préfère de cet opus.
Dans un registre différent "One" marque aussi les esprits. Les riffs saccadés et les différents breaks en font une chanson très entraînante, à l'instar du chant de Ravin très différent du registre précédemment usité, qui ici marque des points.
L'éponyme "Sweet lies" déboule dans notre face avec ces relents à la Millecolin, ponctués de changements de breaks plus ou moins salvateurs. Alors que nous étions dans un registre moins violent, il change littéralement avec "Ain't my world" qui conclut cet opus comme "La massue d'un néandertalien se fracassant sur nos crânes ahuris !!!". On plonge dans un registre Métalcore des plus extrêmes. Le refrain alterne les deux voix, apportant un peu de fraîcheur à cette fureur, et renforçant son accroche. Quelques petits passages plus calmes, parcimonieusement disséminés au long de cette chanson, apportent un peu de mélodie, à l'instar du solo de Sacha, tel l'arc en ciel après la noirceur d'un ciel orageux qui conclut "Ain't my world" et cet opus.
Les Parisiens signent ici une première Charge prometteuse d'un rock énervé aux relents punk (dû surtout au timbre de la voix de Ravin) qui ne raviront, comme votre serviteur, pas tout le monde. Le choix et l'apport des deux basses est un plus pour la musique de ce quatuor, lui apportant une puissance, mais surtout un groove marquant les esprits.
De par toutes les influences que l'on peut ressentir à son écoute, "Sweet lies" tire tous azimut, même si c'est le côté punk qui reste prédominant. Un premier album loin d'être parfait, mais qui mérite que l'on s'y intéresse... En tout cas, il me donne l'envie de découvrir le groupe sur scène, là ou il doit vraiment s'épanouir, et où la Charge doit être la plus efficace !